Après avoir emprunté un escalier, le groupe arriva au rez-de-chaussée, où il sortit du bâtiment, marcha sur une esplanade dallée de granite clair puis arriva au bord des piscines. On pouvait s’asseoir sur leurs rebords ou sur des bancs, mais le mieux était de s’installer sur l’épais gazon, qui procurait autant de fraîcheur que le ruissellement de l’eau. Au pied d’un palmier, deux filles étaient en discussion et une troisième était assise plus loin avec un garçon.
Elles se tournèrent vers le groupe et le visage de l’une d’elles s’illumina. Elle avait la peau café au lait et les cheveux anthracite. Léo remarqua aussi que son pubis était fourni en poils noirs et que de gros mamelons tout aussi sombres pointaient sur des seins plantureux et légèrement affaissés.
« Ah, voilà trois garçons candidats pour se faire couper la bite ! s’écria-t-elle.
— C’est Loubna, murmura Amalia. Une concurrente idéale. »
Elle alla à la rencontre de Léo et lui empoigna les organes génitaux à travers son slip. Il n’eut pas de réaction malgré le risque de se faire broyer les testicules.
« Je te propose de me la donner tout de suite, ajouta Loubna.
— Qu’est-ce que tu as contre moi ? fit Léo.
— Mais rien du tout, mon chéri ! Je te veux au contraire. »
Elle lâcha le sexe de Léo pour placer la main sur son postérieur et le plaquer contre elle. Le jeune homme fut heureux de sentir ces mamelons s’aplatir contre son torse, mais il protesta :
« Oui, bon… Euh… Tu permets que je fasse connaissance avec les autres filles ?
— Vas-y, mais tu es mon élu. »
Elle lui permit de reculer.
Erwan la regardait avec un air vaguement fasciné et un sourire stupide. Quant à Rémi, il s’était approché d’Alexia. Elle était belle sans avoir la perfection de Maylis et, d’après les bribes de conversation qu’il avait entendues, Léo sentait qu’il aurait du mal à se lier avec elle.
Ses cheveux lui descendaient jusqu’au creux des reins, ce qui était un handicap. Il arrivait que des filles perdent le combat à cause de leurs cheveux, mais justement, tout était fait pour compenser le trop important avantage d’être armées. Ainsi, elles ne pouvaient attacher leur poignard nulle part, si bien qu’elles étaient obligées de l’avoir tout le temps à la main. Le perdre, c’était perdre la vie. On ne leur apprenait pas à s’en servir.
Léo reprit sa route en cherchant Maylis du regard. Il la trouva au bord d’une piscine, mais elle était déjà prise. Le garçon, qui s’appelait Martin, avait retiré son slip et exhibait un phallus dressé presque à la verticale, sur lequel elle promenait le bout de ses doigts. Il n’y avait guère que ses épaules, son dos et ses fesses qui n’étaient pas semés de poils. Son air roublard déplut immédiatement à Léo, qui se figea sur place avec un fort sentiment de jalousie.
« Elle vous plaît ? demanda Amalia.
— Oui, mais…
— C’est la présence de Martin qui vous gêne ? Rien n’empêche deux ou même trois garçons de se partager une fille. »
Léo préféra se détourner. Il eut le bonheur de trouver une autre demoiselle qui sut capter son intérêt. En s’approchant d’elle, il comprit qu’il avait trouvé une autre perle.
« Je te présente Rachel », dit Amalia.
Elle était l’incarnation de la beauté juvénile, grâce à son corps fin et à sa peau de velours, ses petits seins ronds et son sexe entièrement rasé, mais elle avait surtout un visage d’ange au nez retroussé et à la petite bouche incurvée. Léo fut impressionné par ses grands yeux verts dont la luminosité surnaturelle paraissait être accentuée par ses sourcils réduits à des traits. Initialement allongée sur le ventre dans l’herbe, elle s’était mise en position assise et avait abaissé un genou pour montrer sa vulve à Léo.
Ce qui troubla Léo, ce fut aussi l’impression d’avoir une jeune vierge sous les yeux mais de deviner que d’innombrables queues l’avaient pénétrée par le vagin, l’anus et la bouche.
« Alors, Rachel, comment tu te sens ? » demanda Léo en s’arrêtant devant elle.
Pendant que leur discussion s’engageait, Amalia rejoignit l’hôte de Rachel.
« Ça va », répondit Rachel, dont le regard était fixé sur le slip de Léo.
Même sa voix était celle d’une jeune adolescente.
Il s’assit devant elle et se mit à lui caresser une cuisse.
« Tu permets que je passe un moment avec toi ? fit Léo.
— Je veux bien.
— Qu’est-ce que tu faisais avant de venir ici ?
— Je racolais.
— Et tu gagnais bien ?
— Oui. »
Léo n’avait pas besoin de poursuivre cette discussion pour savoir comment l’histoire de Rachel avait débuté. Elle devait être semblable à celles de toutes les filles ici présentes : une série de drames lui avait fait perdre sa famille et elle s’était retrouvée sur le trottoir. Outre la mort des parents, il pouvait y avoir l’alcool, qui restait en circulation. Les drogues dures, en revanche, avaient disparu. Pour s’offrir des sensations fortes, il ne restait guère que le saut à l’élastique et le sexe.
« Alors pourquoi es-tu venue ici ? s’enquit Léo.
— Je veux avoir une belle maison au bord de la mer.
— Et qu’est-ce que tu feras dedans ?
— Je trouverai un homme… ou des hommes…
— Si tu peux faire le bonheur de plusieurs hommes, pourquoi pas ? Tu m’inviteras chez toi ?
— Si tu veux. »
Léo savait que parmi les gagnantes du jeu, beaucoup continuaient à collectionner les beaux mâles. Parmi leurs innombrables prétendants, elles n’avaient que l’embarras du choix. Les femmes avaient gagné l’avantage de ne pas être jugées négativement quand elles collectionnaient les amants. Elles avaient le droit de satisfaire leurs appétits.
En poursuivant l’entretien, Léo apprit qu’elle n’avait pas pu faire les cinq années d’école et qu’elle avait vendu des services sexuels dès l’âge de douze ans. Elle en avait à présent dix-huit. Durant ses années de tapinage entrecoupées de quelques séjours dans des camps, elle avait fréquenté un groupe de filles plus âgées qu’elle qui lui avaient appris les ficelles du métier. La plupart du temps, elles vivaient ensemble dans la rue. C’était là que se déroulaient leurs passes, mais parfois, elles n’hésitaient pas à rentrer dans les immeubles pour chercher des clients. Léo connaissait ce genre de démarchage.
« C’était comment, dans les camps ? s’enquit Léo.
— Ce n’était pas terrible. On ne pouvait pas faire ce qu’on voulait et on restait confinées dans nos bâtiments. C’était comme une prison.
— Je m’en doute. Vous vous occupiez comment ?
— Il fallait travailler toute la journée, comme à l’école mais en plus vite. Quand on quittait les salles de classe, c’était pour manger et dormir. »
Léo savait que les professeurs avaient été remplacés par des logiciels et que la présence humaine n’était assurée que par des surveillants.
« Pas de loisirs ? demanda-t-il.
— Non. On n’avait même pas envie de bavarder. Après le dîner, on allait se coucher dans les dortoirs. La chaleur y était insupportable. Heureusement qu’on avait de l’eau ! Les douches, c’était le meilleur moment.
— Vous étiez combien par chambre ?
— Vingt. »
Le jeune homme en eut un frisson d’envie. Il imagina vingt adolescentes dormir nues sur des lits sans draps et des milliers dans tout le camp. Voir cela de ses propres yeux lui serait à jamais impossible.
« Et pas de garçons ? dit-il.
— Non. Aucun pendant tout notre séjour.
— C’est ça qui est le plus dur !
— Non, le plus dur, c’est qu’on est enfermées. On peut sortir le matin et le soir, mais juste pour marcher entre les bâtiments. Même l’accès au cyberespace est restreint.
— Finalement, tu préfères être dans la rue que dans un camp ?
— Évidemment ! »
Ainsi, Rachel était une véritable fille des rues, comme Léo en avait rarement fréquenté. Vivre dehors n’était pas désagréable en été mais il fallait absolument trouver un toit durant l’hiver, car la saison froide existait toujours même si les températures ne devenaient jamais négatives. Rachel se permettait donc de ne pas « travailler » certains jours.
« Tu trouves combien de clients chaque mois ? demanda Léo.
— Ça dépend… Quelques dizaines… Jusqu’à deux ou trois par jour.
— Tu as quelques anecdotes à me raconter ?
— C’est-à-dire ?
— Les choses que les clients font avec toi. Il y a des hommes qui ont des goûts particuliers. »
Léo aimait écouter ce genre d’histoire et Juliette l’avait gâté. Parmi les anecdotes amusantes, figurait celle de cet homme qui avait pris une poignée de cheveux pour se branler et avait éjaculé dedans. Il ne l’avait payée que pour ça.
Des cris résonnèrent. Il se retourna et vit Maylis couchée sur le dos et montée par Martin, les jambes relevées et refermées sur lui. Elle lui caressait la nuque pendant qu’il lui donnait des coups de reins en ahanant. Malgré son amorce d’amitié avec Rachel, il avait toujours envie de goûter à cette fille, qui lui offrirait probablement des sensations singulières. Il continuait à la juger sur son physique et non sur sa personnalité, puisque Amalia ne lui en avait rien dit.
Des doigts fins agrippèrent le slip de Léo pour tenter de le lui retirer, mettant son phallus déjà très dilaté à l’air.
« On baise ? proposa Rachel.
— Attends. »
Léo se leva pour retirer son slip et Rachel se redressa afin de s’agripper à son phallus. À genoux devant lui, elle en inséra le gland entre ses lèvres arrondies et le taquina à l’intérieur de sa bouche avec sa langue. Ne sachant d’abord que faire de ses doigts, Léo les passa dans ses cheveux châtain clair, puis il ferma les yeux pour mieux savourer cette fellation divine.
Une voix masculine interrompit les deux jeunes gens :
« Vous n’en êtes encore que là ? Il faut passer aux choses sérieuses ! »
Erwan était arrivé dans une nudité intégrale, en exhibant une queue mouillée.
« Tu sais que j’ai goûté à Loubna ? fit-il.
— Et alors ? répondit Léo.
— C’est une véritable succube, mais je lui ai résisté. J’ai gardé mon sperme pour une autre fille. »
Léo vit que les hôtes avaient quitté les lieux et qu’il ne restait que quelques hôtesses, dont Katia. Des corps imbriqués les uns dans les autres étaient en train de tressauter sur le gazon ; des cris et gémissements s’élevaient de manière intermittente. En les comptant, Léo estima que les deux filles manquantes étaient arrivées, ainsi que quelques garçons.
En regardant le phallus d’Erwan, Léo s’interrogea sur le jeune homme. Ils n’avaient pas encore fait connaissance. En général, les garçons qui participaient au jeu n’avaient pas de famille. La différence avec les filles est qu’ils se consacraient rarement à la prostitution. Quand ils gagnaient un peu d’argent, c’était grâce à divers petits boulots ou trafics. La solidarité, ainsi que le « travail » de leur compagne quand ils en avaient une, permettait à certains de vivre sans rien faire, et comme de la nourriture était distribuée gratuitement, on n’avait pas à se soucier de ce problème, sauf si l’on désirait goûter à des saveurs naturelles.
Pour trouver des garçons qui avaient une appétence particulièrement pour le sexe, il n’était pas nécessaire de prendre des images volées. Il existait des lieux de débauche où hommes et femmes s’accouplaient en public et, inévitablement, sous des caméras. Ils étaient surtout fréquentés par la jeunesse et par des libertins de tous âges. Léo s’y rendait de temps en temps, si bien qu’il avait déjà assisté à des orgies comme celle qui se déroulait sous ses yeux. Elles ne leur donnaient cependant guère satisfaction : les superbes filles n’y étaient pas légion. Pour goûter à elles, il fallait payer.
« Tu t’appelles Rachel ? demanda Erwan.
— Oui.
— Suce-moi d’une manière plus sale. Il faut donner du spectacle. »
La jeune fille lui obéit avec le sourire. Tout en conservant le pénis de Léo dans sa main gauche, elle empoigna celui d’Erwan et cracha dessus. Elle avala ensuite la moitié de ce chibre où s’attardait l’odeur du vagin de Loubna. Elle s’en gonfla les joues, émit des bruits gutturaux et retira plusieurs fois la queue de sa bouche pour faire s’allonger des filets de bave.
Elle sait faire du porno, se dit Léo.
Il continuait à être masturbé, mais n’en ressentait que très peu de plaisir. La présence d’Erwan le gênait. Rachel n’oublia cependant pas de le sucer une nouvelle fois avant de lâcher les deux membres et de se placer sur le dos, les jambes écartées afin d’attirer les deux garçons à elle.
« On fait comment ? questionna Erwan. Une double pénétration ?
— D’abord, si tu veux qu’on la baise ensemble, tu dois me promettre une chose, répondit Léo.
— Quoi ?
— Quand la chasse viendra, tu ne toucheras pas à elle.
— Comme tu veux.
— Et même, tu vas m’aider à la protéger, parce que je te jure sur la tête de ma mère qu’elle repartira d’ici vivante. Le mec qui ose toucher à elle, je le bute.
— Attends ! s’écria Erwan. Ce n’est pas dans les règles ! »
Même Rachel se redressa pour exprimer son désaccord.
« Figure-toi que j’ai lu le règlement en entier avant de le signer, répliqua Léo. Alors je sais comment faire.
— Ne fais pas ça ! s’exclama Rachel. Tu vas perdre tes gains.
— Et si je te sauve la vie, tu n’auras pas la bonté de me donner un peu d’argent ? répondit Léo.
— Si. »
La jeune fille comprit que Léo était très sérieux et en fut secouée de fond en comble.
« Je répète que le mec qui touche à toi, je le bute, répéta Léo. J’accroche ses tripes aux branches d’un arbre. Puisqu’on veut qu’il y ait du sang, il y en aura.
— Tu ne peux pas tuer un garçon ! » répliqua Erwan.
Il savait cependant que ce genre d’évènement se produisait malgré l’interdiction. Le coupable n’était pas forcément sanctionné : cela dépendait des circonstances.
« Qu’est-ce qui te prend ? fit Rachel.
— Il me prend que je mets du piment dans le jeu, répondit Léo. Les gens qui nous regardent ne me le reprocheront pas.
— Tu es sérieux ? dit Erwan.
— Sur la tête de ma mère ! répéta Léo. Je prends peut-être des décisions imprévisibles, par moments, mais je fais ce que je dis. Rachel, tu peux choisir ta maison au bord de la mer. Les autres filles, je m’en moque. J’en ferai moi-même de la purée de boyaux s’il le faut. »
Léo se tourna vers Maylis. Martin l’avait arrosée de sperme et s’était allongé à côté d’elle pour lui triturer ses tétons. Non loin de là, Agathe, une fille aux longs cheveux blonds presque aussi belle que Maylis, avait la main de Jordan enfoncée tout entière dans le vagin et paraissait en être ravie. Dans ces conditions, elle ne pouvait guère prêter attention aux propos que Léo tenait.
Que fallait-il penser de lui ? C’était un personnage à la fois rassurant et inquiétant. Rachel se sentait toutefois soulagée de l’avoir rencontré.
Léo avait obtenu les assurances qu’il voulait mais il n’était momentanément plus capable de prendre le fruit qui lui était offert, parce que son pénis avait ramolli. Comme la présence d’Erwan continuait à le déranger, il ne se sentait pas en mesure de lui redonner de la vigueur.
« Je vous laisse ensemble, décida-t-il. Rachel, je te retrouve plus tard. »
Il s’éloigna par le chemin qu’il avait pris à l’aller, mais après avoir seulement fait quelques pas, il aperçut Loubna qui lui faisait de grands gestes.
Qu’est-ce qu’elle a contre moi, cette fille ? se demanda-t-il. Elle est folle !
Il changea de direction et trouva une autre demoiselle en train d’émerger d’une piscine. Il la jaugea en un quart de seconde et conclut qu’elle ne valait pas Maylis, malgré sa belle chevelure noire, ses yeux lumineux, ses seins généreux et ses cuisses charnues. Quant à savoir s’il serait agréable de discuter avec elle, il fallait attendre un peu.
Léo avait été impressionné par Rachel. Il avait trouvé la conversation avec elle extrêmement plaisante. C’était une fille simple et sincère.
« Tu es nouvelle ? demanda-t-il.
— Comment ça ?
— Je ne t’ai pas vue quand je suis arrivé ici.
— Ah oui !
— Tu t’appelles comment ? Moi, c’est Léo.
— Coralie. »
La fille quitta la piscine, où elle s’était seulement rafraîchie sans mouiller ses cheveux, et elle dévisagea Léo avec un demi-sourire.
Il l’attrapa par le bras gauche et appliqua son autre main sur un sein.
« Tu ne perds pas ton temps, toi, dit-elle en empoignant sa queue.
— On est payés pour baiser et j’ai l’intention d’engranger un maximum de pognon.
— Pareil pour moi.
— Tu es qui exactement ? Une putain des rues ?
— Je vivais chez un homme de soixante ans et j’ai voulu m’en aller, expliqua Coralie. J’ai alors déposé ma candidature pour le jeu.
— Et tu as quel âge ?
— Dix-huit ans.
— J’espère que tu avais d’autres hommes que celui-là.
— Certains jours, j’en avais jusqu’à cinq.
— Parce que tu racolais nue ?
— Oui. Et je suis montée comme ça dans le taxi.
— J’aime les filles comme toi. »