Le château entre les arbres – 4

Quelqu’un frappa à la porte et entra sans attendre la réponse. C’était Louriana. Elle portait une jupe très belle, décorée d’abondantes broderies, mais qui s’arrêtait à mi-cuisses. En ville, seules les prostituées osaient porter de tels vêtements, et elles ne le faisaient que dans leurs quartiers.

La vue de ses jambes provoqua un raidissement instantané de mon pénis.

« Le festin est prêt ! annonça-t-elle joyeusement. Nous y allons ensemble. Vous êtes lavé et reposé ?

— Oui.

— Bien. Suivez-moi. »

Violla se leva promptement et se dirigea vers la porte, alors que je restai figé de stupéfaction sur mon lit.

« Vous ne vous habillez pas ? m’exclamai-je.

— Non. N’en soyez pas surpris. Je me présente toujours ainsi. »

Ah oui ! Il ne fallait s’étonner de rien.

Je rejoignis donc mes deux élèves. Elles me conduisirent à la salle à manger. En chemin, nous croisâmes un domestique, qui jeta un regard de convoitise sur Violla mais ne l’importuna pas.

Les rayons de soleil écarlates étaient en train de s’éteindre sur un mur de la grande salle, et les lustres avaient été allumés. Dix-huit invités bavardaient sous cette vive lumière, tous encore debout. Ils étaient plus ou moins jeunes. Aucune des huit femmes que je comptais n’était mariée, comme leur montraient leurs chevelures non attachées. La benjamine devait avoir le même âge que Violla.

Je fus immédiatement frappé par leur costume : elles portaient toutes des jupes aussi courtes que celle de Louriana, aux vives couleurs mais moins chargées de broderies. C’étaient des costumes de paysans, arrangés pour une soirée où il se passerait des choses que je commençais à imaginer. Quant aux hommes, ils étaient vêtus comme moi et se tournèrent vers mes deux compagnes dès notre arrivée. Ce n’était pas très surprenant, étant donnée la tenue de Violla.

Je me dirigeai tout droit vers le comte, qui portait le même caftan que dans l’après-midi. Il darda sur moi un regard énigmatique.

« Mes filles vous ont-elles mis à l’aise ? s’enquit-il.

— Oui. On peut dire qu’elles savent s’y prendre. »

Nikholor ne releva pas la pointe d’ironie que je mis dans ma réponse.

« J’ai aussi constaté qu’elles ont des choses à m’apprendre, poursuivis-je. Elles sont très éveillées pour des filles de leur âge.

— Elles vous ont parlé de nos coutumes ?

— En effet.

— Alors je vous propose de vous asseoir pour goûter à notre repas. Vous remarquerez l’abondance de gibier et de poisson. La chasse et la pêche sont les activités majeures du comté, grâce à une nature généreuse.

— Je serais très heureux de la découvrir.

— Vous pourrez visiter nos forêts dès demain. Je vous invite à prendre place ici, mais moi-même, je n’assisterai pas à ce festin.

— Pourquoi ?

— Je laisse les jeunes gens entre eux. Je ne me présente ici que pour les accueillir. »

Il était inutile de lui demander pourquoi sa fille cadette, qu’encadraient dès à présent deux jeunes hommes, se montrait sans aucun vêtement.

Nikholor s’éloigna pour être remplacé par Louriana. Son regard monta du haut de mon pantalon à mon visage.

« Regardez ces jeunes filles et désignez celle que vous préférez, dit-elle. Je lui demanderai de s’asseoir à côté de vous.

— Pour faire la conservation ou pour autre chose ?

— Pour tout cela. Vous pourrez tout vous permettre avec elle.

— Violla vous a-t-elle dit qu’elle voulait me trouver une compagne ?

— C’est notre volonté commune. »

Mon regard sauta d’une jeune fille à l’autre. Je remarquai une blonde dont la frimousse me parut très agréable. Louriana m’apprit qu’elle s’appelait Tchoudya et alla aussitôt la chercher.

« Je vous présente monsieur Enetol Sotchak, lui dit-elle. C’est mon précepteur. Il vient d’arriver de Peresk. »

Tchoudya se montra d’abord si intimidée qu’elle fut incapable de m’adresser la parole. Son regard resta fixé sur Louriana, laquelle effectua les présentations :

« Elle est la fille aînée du chef du village de Nevilok.

— Oh ! Une fille de notable ? » m’exclamai-je.

Je lui attrapai la main droite pour y déposer un baiser. Ses pommettes rosirent.

« Allons, ne soyez pas tant impressionnée ! lui dit Louriana.

— C’est que je rencontre un érudit pour la première fois.

— J’ai certes étudié à l’université, mais il y a un monde entre mes distingués professeurs et moi, répondis-je. Là-bas, je suis un nain dans un univers de géants. »

La main de Tchoudya resta dans la mienne, ce qui ne me parut nullement inconvenant et m’excita plutôt. Louriana ne se gêna pas de lui rappeler la raison de sa venue :

« Considérez d’abord Enetol comme votre nouveau partenaire. Il est très bien outillé pour cela. Tout le reste est secondaire.

— C’est donc cela le but de ce festin ? demandai-je.

— Oui.

— Il y a une orgie ?

— Oui, mais je vous invite d’abord à vous restaurer. Profitez bien de la cuisine avant de goûter aux joies du sexe. Vous n’avez sans doute rien mangé d’aussi bon depuis votre départ de Peresk. »

Je me dirigeai vers une chaise sans lâcher la main de Tchoudya, et je me retrouvai assis entre elle et Louriana. Violla se trouvait de l’autre côté de la table, entre deux garçons occupés à lui pincer les seins. Dans un tel contexte, la technique de séduction qu’elle m’avait proposée, consistant à sortir mon phallus sous le nez de mon élue, ne me paraissait plus aussi extraordinaire.

« Ces orgies sont encore l’une de vos traditions ? demandai-je à Louriana.

— En effet.

— Aussi ancienne que votre château ?

— Non, mais c’est une attraction connue dans tout le comté depuis quelques années. »

Je me tordis le coup pour regarder les portraits flétris des vénérables ancêtres qui se trouvaient derrière nous, en me demandant s’ils approuvaient cette luxure. Ils avaient l’air si sérieux !

« Ils assistent chaque soir à nos ripailles mais n’en paraissent pas incommodés, dit Louriana. Ne vous souciez donc pas d’eux.

— Pouvez-vous me les présenter ?

— Si vous le désirez, mais sauf le respect que j’ai pour eux, je n’en vois pas vraiment l’intérêt. Dans cette région, il est difficile d’accomplir le genre d’exploit qui vous donne de la renommée, donc ils sont tous de parfaits inconnus. Cependant, le fondateur de ma lignée s’est illustré à la guerre.

— C’est ce qui lui a valu d’être relégué ici ? fis-je.

— Oui. C’est lui qui a bâti ce château, sur les ruines de l’ancien.

— Où est son portrait ?

— Il est trop ancien pour avoir été conservé. »

Je n’en fus pas surpris. Vu son état de délabrement, j’aurais juré que le plus récent portrait, celui du grand-père de Louriana, datait de cent cinquante ans.

« Le climat en est responsable, expliqua-t-elle. Tout se détériore, même la pierre. »

Durant notre conversation, les convives achevèrent de s’installer. Nous disposions tous de belles assiettes en porcelaine, de couverts en argent et de verres en cristal, si bien que l’essentiel des richesses du comte se trouvait probablement sous nos yeux.

J’avais hâte de voir les plats qui nous avaient été préparés, mais dans l’attente, je ne m’ennuyais nullement. Mes mains glissaient sur les cuisses de Tchoudya, dont la courte jupe était retroussée presque jusqu’à son sexe. Il ne me paraissait plus nécessaire de lui montrer ma verge pour la séduire, parce qu’elle savait parfaitement pour quelle raison elle était venue, et je ne voyais pas pourquoi elle m’aurait repoussé. Mon aspect était assez plaisant aux yeux des femmes.

Devant nous, une jeune fille avait ouvert son corsage pour offrir ses seins à tous les regards. Les autres avaient un décolleté si grand qu’une telle manœuvre n’était guère nécessaire pour attirer l’attention des hommes.

Des servantes vêtues de manière aussi provocante apportèrent enfin des plateaux de nourriture. Elle n’était pas très abondante, mais préparée avec art. Une truite aux amandes sauta dans mon assiette, ce qui m’obligea à en retirer les arêtes durant une grande partie du repas. Mes voisines reçurent par conséquent beaucoup moins de caresses, même si notre conversation se poursuivit.

Au fil du temps, l’ambiance s’allégea et les éclats de rire fusaient de plus en plus fréquemment. Cette gaieté n’était sûrement pas sans rapport avec les coupes de vin que les servantes nous versaient, un breuvage au goût indescriptible. La timidité de Tchoudya paraissait avoir été reléguée dans un lointain passé. Quand la nuit transforma en rectangles noirs les fenêtres du château, elle retira son corsage et prit un peu de crème sur un gâteau qu’une servante venait de déposer pour la déposer sur ses mamelons.

« Ça te plairait de me sucer ? » fit-elle.

Les autres convives n’étaient pas en reste. Un homme nu se leva pour tremper son phallus dans une sauce et le tendre à sa voisine, qui referma goulûment ses lèvres dessus. Elle n’était pas plus habillée que lui.

« Attends ! fit Tchoudya tandis que je me penchais sur elle. Je veux d’abord voir ta bite. »

Comme elle l’avait déjà tripotée à travers mon pantalon, elle avait constaté qu’elle soulevait le tissu avec une force rare. Sans une seconde d’hésitation, je me levai pour défaire ma ceinture et ouvrir ma braguette. Il en sortit un phallus dont je fus le premier impressionné par la grosseur. Le prépuce glissa de lui-même sur le gland humide, rouge comme une énorme fraise. J’entendis Tchoudya pousser une exclamation.

Dès que je me rassis, elle s’en saisit à pleines mains, puis elle se pencha sur moi pour l’engloutir dans sa bouche, oubliant la crème qu’elle avait mise sur ses tétons.

« Je pense que vous devriez aller dans votre chambre », dit Louriana.

La jouissance modulait sa voix, car un garçon était en train de lui chatouiller le clitoris. Elle n’avait encore retiré ni sa jupe ni son corsage, mais ses vêtements ne gênaient en rien son amant d’un soir.

« Pourquoi ? demandai-je

— Vous y serez beaucoup plus à l’aise qu’ici.

— Vous allez faire l’amour sur vos chaises ?

— Non, il y a une pièce pour cela, mais vous serez mieux dans votre chambre.

— D’accord. »

Je posai une main sur la tête de Tchoudya, qui poursuivait sa vigoureuse fellation.

« Euh… Chérie ? fis-je.

— Oui ?

— Allons dans ma chambre. Tu continueras là-bas. »

Mon pénis était sorti de sa bouche pour être aussitôt emprisonné par sa main. Elle semblait incapable de le lâcher, mais son ardeur sexuelle ne m’empêcha pas de me lever et de d’enlever mon pantalon. Je le gardai à la main.

« Non, laissez cela, fit Louriana entre deux gémissements. Une servante va tout de suite l’apporter dans votre chambre. »

Elle écarta la main qui s’était introduite dans son sexe pour ajouter :

« Après cela, fermez votre porte avec la clé qui se trouve dans le tiroir droit de votre bureau.

— Pour empêcher les voleurs d’entrer ? fis-je.

— Non, c’est juste pour qu’aucun fêtard éméché ne vous dérange. »

Nous nous dirigeâmes vers la porte, Louriana en petite jupe et moi en chemise, en jetant quelques coups d’œil vers la table. Violla s’était assise dessus. Un jeune homme l’avait barbouillée de crème des seins jusqu’à la vulve, et il lui léchait la peau. Sa tête était en train de disparaître entre les cuisses de la jeune fille. Il restait des convives, toutefois, pour manger sagement leurs pâtisseries.

L’heure des véritables copulations n’était apparemment pas encore arrivée. Cette joyeuse troupe se livrait à un divertissement si agréable que, dans le brouillard où mon esprit était plongé, je me demandais pourquoi tous mes compatriotes ne suivaient pas leur exemple. Il y avait plus de plaisir à en tirer que d’une danse ou d’une partie de jeu de cartes.

Le feu de la convoitise brûlait autant en moi qu’en Tchoudya, au point d’étouffer toute autre pensée que notre soif de chair. Quand nous fûmes dans le couloir, j’étalai la crème sur les seins de ma compagne et me penchai pour les lécher. Le mordillement de ses mamelons durcis lui arracha presque des cris. La poussée que j’exerçais sur elle la fit reculer contre un mur. Je tombai alors à genoux et m’attaquai à sa jupe. Dès qu’elle glissa sur ses jambes, j’enfonçai ma langue entre les lèvres intimes de Tchoudya et me mis à sucer son jus. Je sentis ses jambes trembler sous l’excitation. Ses doigts labourèrent ma chevelure.

Mais si nous avions quitté la salle à manger, ce n’était pas pour faire l’amour dans un couloir. Une servante munie d’une chandelle, qui avait ramassé nos habits, s’arrêta à côté de nous pour nous inviter à la suivre. Sans elle, je n’aurais pas retrouvé ma chambre.

Tchoudya serra mon phallus comme une poignée de porte pendant tout notre trajet. Comme elle marchait devant moi, je pouvais lui caresser les fesses et l’anus. Dès notre arrivée dans ma chambre, je la poussai vers mon lit et elle s’y plaça sur le dos. Après avoir arraché ma chemise, je me jetai entre les cuisses de Tchoudya pour y enfouir ma tête, et j’attaquai son sexe avec ma langue. Je léchai son clitoris comme une sucrerie, en projetant dans son corps des torrents de volupté. Elle se trémoussait tant qu’il me fallait presque la maintenir en place.

Et puis tout à coup, je me redressai et vis la servante debout à côté de mon lit. Elle avait posé la chandelle sur le bureau et nos habits sur les chaises, et à présent, elle retroussait sa jupe pour insérer un doigt dans son vagin, tout en me regardant avec la fixité d’un chat guettant une souris. Je compris vite que c’était mon impressionnante queue qui la tentait. Je m’étais mis à quatre pattes pour effectuer le cunnilingus, en laissant mes organes génitaux pendre sous mon ventre. Et ainsi, l’aphrodisiaque avait piégé une deuxième femme.

Je descendis du lit, pris la jeune fille par un bras et la tirai dans le couloir, mais quand je voulus me séparer d’elle, je m’aperçus qu’elle se cramponnait à mon phallus. Mieux encore, elle se mit à me masturber, tout en approchant son sexe du mien comme pour préparer une pénétration.

« S’il te plaît, laisse-moi, lui dis-je.

— Non ! supplia-t-elle. Prenez-moi ! »

Mon membre avait beau avoir une dureté de granit, j’hésitai à l’arracher à d’aussi entreprenantes mains. Fort heureusement, la servante m’offrit elle-même le moyen de lui fausser compagnie. Comme j’avais contenu mon sperme depuis le festin, il voulut très vite s’échapper. Pour mieux profiter de la troisième éjaculation de la journée, je refermai ma main sur celle de la jeune fille, et l’orgasme éclata.

Surprise, la servante lâcha mon pénis pour regarder sa main dégoulinante de liquide visqueux. J’en avais aussi lâché un peu sur ses cuisses, juste en dessous de sa jupe retroussée.

Aussitôt, je m’échappai pour retourner dans ma chambre et fermer la porte. Je me heurtai à Tchoudya, qui cherchait à connaître la raison de ma subite disparition.

« Tout va bien, lui dis-je en la prenant par les épaules. Continuons. »

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