Le château entre les arbres – 10

Il était tard quand nous émergeâmes de notre étreinte. Je m’en rendis compte en regardant ma montre. J’enfilai en hâte mon pantalon et quittai la chambre pour constater que la maison était déserte. Même le grand-père de Tchoudya avait quitté sa chaise.

« Mon père part toujours en forêt l’après-midi, parfois toute la journée, expliqua-t-elle. Je pense que ma mère a rendu visite à des voisines.

— Et mes élèves, où peuvent-elles être ?

— Elles sont sûrement en train de choisir les jeunes qui se rendront au château ce soir.

— Mais les invitations sont envoyées dans tout le comté. Comment font-elles ?

— Elles envoient des messagers un peu partout. Elles passent elles-mêmes une bonne partie de leur temps à parcourir le comté. Elles connaissent tout le monde.

— Même de l’autre côté de la Syevlatch ?

— Oui. Je ne sais pas comment elles font pour la traverser. »

Moi, je le savais, mais je ne voulais pas trahir le secret qui m’avait été confié. En fait, comme l’ajouta Tchoudya, les personnes habitant à plus d’une journée de marche du château n’étaient pas invitées.

Je décidai de quitter la maison. Quand j’arrivai dans la véranda, je m’aperçus que Tchoudya n’avait pas l’intention de s’habiller.

« Ici, on fait ce qu’on veut, expliqua-t-elle. Mais si tu préfères que je m’habille, dis-le moi.

— Non, tu es très bien comme cela.

— J’espérais que tu me le dirais ! »

Tchoudya m’adressa un clin d’œil auquel je répondis par un baiser sur la bouche et une caresse sur un sein.

« Tu me trouves vraiment belle ? fit-elle.

— Oui, et je peux même te le prouver.

— Comment cela ?

— Pendant l’orgie, c’est moi qui t’ai demandé de t’asseoir avec moi, parce que tu étais la plus jolie de toutes les filles présentes hier soir. Tu as vraiment flatté ma vue.

— Qu’est-ce qui te plaît en moi ?

— Tout. Ton visage aux grands yeux clairs, tes jambes fuselées.

— Tu parles bien. »

J’attirai de nouveau Tchoudya contre moi. Elle m’étreignit tout en poussant une langue humide dans ma bouche.

Sa remarque sur mon langage montrait qu’elle ne m’appréciait pas que pour mon phallus aux dimensions peu naturelles. Et de mon côté, je m’aperçus que je n’étais pas dépourvu de sentiments pour elle.

À la sortie de la véranda, elle me conseilla de mettre des socques, et non pas ma paire de bottes, si je n’avais pas l’intention de quitter le village. Je l’écoutai.

Le soleil était toujours présent, bien que le ciel fût très chargé. Une averse pouvait tomber à tout moment et je trouvais que l’air était saturé d’humidité. En regardant les potagers en bas de la colline, je vis une brume éblouissante quoique très ténue.

J’entendais des cris d’enfants. Des femmes passaient d’une maison à l’autre en me donnant d’insistants regards. Elles me connaissaient sûrement toutes comme le futur gendre du chef de leur village.

« Où sont les deux comtesses ? leur demanda Tchoudya.

— Louriana est partie, lui répondit-on. Violla est toujours là, mais je ne sais pas où. »

En faisant le tour des maisons éparpillées entre les arbres, nous trouvâmes cette dernière. Elle en sortait, suivie par un jeune homme qui reboutonnait paresseusement son pantalon.

« Que désirez-vous faire maintenant ? demanda-t-elle.

— Je crois que les leçons sont terminées pour aujourd’hui. Je vous laisse organiser votre soirée.

— Très bien. Vous voulez rentrer avec moi ou avec elle ? »

Je me tournai vers Tchoudya, que je tenais par la main.

« On peut aller ensemble au château, proposa ma fiancée.

— Alors à ce soir », conclus-je.

Nous allâmes chacun de notre côté. Je me retournai cependant pour voir Violla s’éloigner avec un balancement de hanches prometteur de délices.

« Mes élèves, pourquoi ne s’habillent-elles jamais ? demandai-je.

— Pour attirer les hommes. Tu vois ? Elle vient juste de se faire sauter. »

Il me semblait très intéressant de savoir ce que les gens pensaient de Louriana et Violla, surtout après avoir entendu les mystérieux propos d’Yrval. J’étais persuadé que ce qu’il savait dépassait de loin les gargouillements sortis de sa bouche.

« Où est ton grand-père ? demandai-je.

— Je ne sais pas. Il aime bien s’asseoir dans les bois. »

Tchoudya souhaitait une autre compagnie que celle du vieil homme et je ne voulus pas la contredire. Nous empruntâmes un sentier s’enfonçant dans la forêt. Il était trop étroit pour que nous puissions marcher côte à côte. Je laissais Tchoudya passer devant moi, ce qui me donnait une vue imprenable sur ses fesses. Ses courbes, ainsi que sa chevelure blonde tombant en pluie sur son dos, la rendaient presque plus belle par derrière que par devant.

Nous discutâmes pendant que nos socques claquaient sur les affleurements de roche du sentier.

« Tu as l’intention de rester combien de temps ici ? s’enquit Tchoudya.

— Au moins une année.

— Et après, tu rentreras à Peresk ?

— Oui.

— J’aimerais énormément découvrir cette ville, mais tu devras m’apprendre comment y vivre. J’espère qu’on ne va pas se moquer de moi.

— J’y veillerai, mais pour cela, il faudra éviter de se balader toute nue dans les rues.

— Je sais. Ici, on n’est pas chez les humains. Il n’y a que les villages qui leur appartiennent. Le reste est aux satyres et aux nymphes. »

Je fus curieux de connaître l’idée qu’elle s’en faisait :

« Comment sont-ils ?

— Ils sont nus et passent leur temps à s’accoupler.

— Il faut aussi qu’ils mangent, non ?

— Non, ils sont immortels. Ils n’ont pas besoin de manger, mais seulement de boire de l’eau de source.

— Est-il possible de les voir ?

— Pas dans la journée. »

C’était un point sur lequel elle se trompait, puisqu’elle venait juste de côtoyer deux naïades. Je m’abstins de le lui dire et changeai de sujet :

« Les orgies au château, c’est fait pour les imiter ?

— C’est ce qu’on se dit.

— Est-ce Louriana qui demande aux filles de dormir la porte ouverte ?

— Oui.

— Pourquoi ?

— Je ne sais pas… Ça a toujours été comme ça.

— Vous n’avez pas peur que des hommes viennent vous importuner ?

— Qu’est-ce que ça veut dire, importuner ?

— Vous faire l’amour… Vous sauter.

— On vient au château pour ça, alors pourquoi ça nous dérangerait ? »

Il était inutile de demander à Tchoudya pourquoi elle acceptait de prendre un narcotique avant d’aller au lit. Elle me répondrait sûrement que c’était bénéfique. Et ce n’était pas non plus la peine d’interroger Louriana. J’avais le sentiment qu’elle ne me dirait pas la vérité.

Descendant continûment, le sentier nous mena à une source. L’eau sortait du sol pentu, remplissait un fossé au sol rocheux et s’écoulait en gazouillant sur des cailloux. Et la végétation foisonnait. Des plantes tendaient leurs feuilles jusqu’à nos hanches pour nous caresser. Les frondaisons ne laissaient entrer dans ce nid de verdure que quelques rayons de soleil tremblotant sur l’eau.

Nous aurions pu nous installer en ce lieu s’il n’avait pas déjà été occupé. Une femme s’appuyait aux racines d’un arbre surplombant la source et un homme se tenait derrière elle. Il frottait son membre sur la vulve de son amante, qui devait sûrement être glissante. C’était comme une mise en bouche qu’il s’octroyait avant d’entamer le plat principal. Le couple était pour le moment silencieux, mais des cris allaient bientôt jaillir.

Cette magnifique source étant le lieu de rendez-vous préféré des amants, il n’était pas surprenant qu’elle fût déjà occupée. Nous n’aperçûmes aucun vêtement, sans doute parce que ces gens étaient venus ici aussi peu habillés que nous.

Tchoudya s’arrêta et me fit signe de faire demi-tour. Je lui obéis en vérifiant une dernière fois que l’homme n’avait pas les oreilles pointues.

Nous trouvâmes un autre endroit où faire l’amour. Quand je montrai mon pénis à Tchoudya, je fus sur le point d’avouer que je prenais des substances aphrodisiaques, mais elle ne trouva rien d’anormal à cette nouvelle érection, ni au fait que je fusse capable d’éjaculer une troisième fois.

De retour dans sa maison, nous retrouvâmes Yrval sur sa chaise, et cette fois, j’insistai pour faire la conversation avec lui.

« Il est tard, protesta Tchoudya. On devrait prendre la route du château.

— Nous ne sommes pas invités à la prochaine orgie, répondis-je. Tu iras là-bas en tant que compagne du précepteur, juste pour dormir avec lui. Maintenant, s’il te plaît, aide-moi à conduire ton grand-père dehors. J’aimerais lui parler seul à seul. »

Devant ma détermination, Tchoudya céda. Elle avait pris la peine de s’habiller avec une jupe longue. Sous le regard interrogatif de ses parents, qui ne comprenaient pas mon acharnement à parler à ce vieil homme un peu dérangé, elle l’aida à se lever et à se diriger vers la sortie. Elle le conduisit à une souche située en contrebas de la maison, où elle le fit asseoir.

« Voilà, grand-père, tu vas pouvoir discuter avec mon fiancé, déclara-t-elle. Je retourne à la maison.

— Non, reste ici, chevrota-t-il.

— Enetol veut parler tranquillement avec toi.

— Mais on est tranquille ici ! »

J’autorisai finalement Tchoudya à rester, à la condition de ne pas perturber notre entretien. Je m’accroupis devant Yrval tandis qu’elle restait debout en retrait, les mains croisées devant sa jupe.

« Tout à l’heure, vous avez vu Louriana et Violla, les deux filles du comte Nikholor, lui rappelai-je. Pourquoi avez-vous dit qu’elles étaient toujours les mêmes ?

— Parce que… Parce qu’elles n’ont jamais changé.

— Vous les connaissez depuis combien de temps ?

— Depuis combien de temps ?

— Oui.

— Je ne sais pas… Elles ont toujours été là.

— Même quand vous étiez jeune ? »

La mâchoire du vieil homme tremblota. J’eus l’impression de voir passer les ombres du passé derrière ses prunelles humides.

« C’était il y a si longtemps, marmonna-t-il. Et je les vois encore… Toutes les deux…

— Vous vous souvenez d’elles ?

— Oui… Comme si c’était hier… Les soirées au château.

— Les deux filles organisaient des soirées ? Qu’est-ce qui s’y passait ? »

Yrval passa un doigt sous ses yeux.

« Des garçons et des filles… J’y suis allé, vous savez ? »

Perdant patience, Tchoudya intervint :

« Il ne cesse de répéter qu’il participait aux orgies quand il était jeune, tu t’imagines ? C’était il y a… il y a peut-être cinquante ans, ou plus. »

Je jetai un regard de surprise à mon amante.

« Il dit que Louriana et sa sœur étaient déjà là ? lui demandai-je.

— Oui », confirma-t-elle d’un air consterné.

À mes oreilles, les allégations d’Yrval ne semblaient nullement absurdes, mais si elles étaient exactes, elles entraînaient une conséquence monstrueuse : que le comté de Tchebolok, à la seule exception du grand-père de Tchoudya, avait des pertes de mémoire.

« Y a-t-il d’autres personnes âgées dans ton village qui prétendent la même chose ?

— Non, bien sûr.

— Et depuis quand ton grand-père radote-t-il comme cela ? »

Tchoudya fut embarrassée par ma question. J’avais plongé son père dans un trouble comparable quand je lui avais demandé si d’autres demoiselles du château s’étaient comportées de manière aussi dévergondée que mes deux élèves. Dans cette famille au moins, il y avait réel problème de mémoire.

Je pouvais déjà accepter l’idée qu’Yrval eût rencontré Louriana ou Violla dans son jeune âge, puisqu’elles bénéficiaient d’une jeunesse éternelle.

Je me levai, m’éloignai du vieil homme et pris Tchoudya par les épaules.

« Ne crois pas que ton grand-père ait perdu la raison, dis-je en la regardant dans les yeux. Il y a des choses que tu ne sais pas sur Louriana et Violla.

— Quoi ?

— Je ne sais pas si je devrais te le dire, mais j’aimerais bénéficier de ton aide. Je dois en apprendre plus sur mes élèves et leur château. Tu le connais mieux que moi, n’est-ce pas ?

— Oui, je pense.

— J’ai l’impression que c’est un château abandonné. As-tu vu les portraits des ancêtres dans la salle à manger ? Je parierais qu’ils datent tous d’au moins un siècle. Il n’y a pas de portrait récent.

— Je ne vois pas ce que tu veux dire, fit Tchoudya en fronçant les sourcils.

— Il faut que tu y réfléchisses. Et surtout que tu m’aides. J’ai besoin d’avoir une alliée.

— Comment ça ?

— Est-ce que je peux te demander des services ?

— Bien sûr ! Je suis ta fiancée. »

Tchoudya m’étreignit et m’embrassa sur la bouche.

« Pour le moment, préparons-nous à aller au château », lui dis-je.

Je retournai vers Yrval, qui était resté assis sur sa souche et nous avait observés en silence. Il prononça alors les paroles les plus claires que j’eusse entendues depuis notre rencontre :

« Non, je n’ai pas perdu la raison. Personne ne veut me croire.

— Moi, je vous crois », répondis-je.

Et j’ajoutai à mi-voix, en me penchant sur son oreille :

« Ces femmes sont des naïades, des filles de la rivière. Elles sont immortelles. C’est pourquoi elles ne changent pas.

— Non, pas des naïades.

— Alors quoi ?

— Ce sont des… des… créatures… »

Yrval s’interrompit quand il vit s’approcher Tchoudya. Elle le prit par un bras pour l’aider à se relever.

« Allez, grand-père ! On va rentrer à la maison ! annonça-t-elle.

— S’il te plaît, peux-tu nous laisser seuls ? l’interrompis-je.

— Pourquoi ?

— Si tu veux me rendre un grand service, laisse-moi seul avec ton grand-père. Mets un autre costume. »

Tchoudya se montra contrariée mais m’obéit, et Yrval ne la retint pas. Je m’agenouillai devant lui pour demander :

« Qui sont en réalité les filles du comte ?

— Pas des naïades… Non…

— Que sont-elles donc ?

— Des perversions… Les naïades ne peuvent pas vivre là-haut… Pas depuis tout ce temps…

— Pourquoi tout le monde a-t-il oublié le passé ?

— Ils sont fous. »

La conversation s’arrêta quand une jeune femme passa près de nous, sur le chemin qui menait aux potagers. Ses cheveux châtains étaient attachés en deux tresses nouées derrière sa tête, montrant qu’elle était mariée. Une longue jupe brune à broderies chatoyantes moulait sa taille et épousait les rondeurs de ses hanches. Elle tenait un panier d’osier sous son bras nu.

Elle m’adressa un sourire timide, sans doute parce qu’elle me connaissait comme le précepteur de Louriana et Violla et le futur gendre de Vlaketine, puis elle poursuivit sa route. Je la regardai s’éloigner de moi, comme frappé d’hébétude.

Et alors, mon esprit fut brutalement plongé dans le noir. Je suis incapable de raconter ce qui se produisit durant les minutes qui suivirent cette rencontre. Quand je repris conscience, je m’aperçus que j’étais en train de marcher derrière la jeune femme sur un sentier descendant. Plus exactement, je lui courais après, afin de la rattraper. Entendant le claquement de mes socques sur le sol pierreux, elle se retourna et son regard croisa le mien.

Elle n’arrêta cependant pas sa marche, alors que je fus cloué sur place. Je venais de comprendre ce que je m’apprêtais à faire : agresser cette inconnue avec mon sexe à nouveau tendu, qui réclamait son tribut de chair féminine.

Avec ses aphrodisiaques, les deux sœurs m’avaient transformé en un violeur, mais j’avais momentanément retrouvé le contrôle de mon esprit. Je fis aussitôt demi-tour, en réfléchissant à la métamorphose que j’étais en train de subir.

« Il faut que j’arrête de prendre ces produits », me dis-je.

Je comprenais maintenant que j’avais été attiré dans un piège et je me demandais ce que le pauvre Yrval avait voulu dire en désignant les deux sœurs comme des « créatures ».

Sans doute n’avait-il pas la réponse. En tout cas, il avait clairement expliqué qu’elles n’étaient pas des naïades.

Qui étaient-elles alors ? D’autres êtres surnaturels ? Des sorcières ? Si j’avais été plus instruit sur les légendes de mon pays, j’aurais peut-être pu leur donner un nom. Ou peut-être n’apparaissaient-elles dans aucune légende.

En levant les yeux, je m’aperçus que je me trouvais sur un sentier inconnu. Je ne voyais ni le village, ni le potager. J’avais marché en regardant mes pieds, perdu dans mes pensées, sans me demander où ils me conduisaient. Je regardai les arbres et je les écoutai s’échanger des murmures sous la brise.

Il ne fut pas très difficile de retrouver le village, mais cela me prit un peu de temps. Des nombreux sentiers s’entrecroisaient dans cette portion de forêt. Je voulus reprendre mon entretien avec Yrval et recherchai donc la souche où il avait été installé. Il ne s’y trouvait plus.

Je poursuivis ma route jusqu’à la maison de Vlaketine. Dès que je vis Tchoudya, je lui lançai sans ambages :

« Reste ici. Je rentre seul au château.

— Mais pourquoi ?

— Ça vaut mieux pour toi. »

Elle avait mis la même jupe courte que la veille et avait soigneusement coiffé sa chevelure. Ses poignets étaient décorés de bracelets qui ne comportaient ni pièce métallique, ni pierre précieuse, mais dont l’effet était des plus coquets.

« Qu’est-ce qui t’arrive ? fit-elle d’un air ahuri.

— Tu seras en danger si tu restes avec moi, répondis-je.

— En danger ? Pourquoi ?

— Toi et moi, nous ne sommes pas fiancés. Je ne te dois pas d’explication.

— Mais je vous ai donné ma fille ! intervint Vlaketine. Elle fera tout pour vous satisfaire. Et je ne vois pas pourquoi elle serait en danger avec vous ! Vous n’avez jamais tué personne, non ? »

Je cherchais une réplique quand la mère de Tchoudya déclara :

« De toute façon, vous ne connaissez pas la route du château. Tchoudya vous y raccompagnera.

— D’accord. On part tout de suite.

— Vous ne voulez pas d’abord manger ?

— Non. »

Dans la véranda, je repris ma chemise en estimant qu’elle sécherait mieux si je la laissais sur ma peau. Tchoudya mit ses chaussures tandis que j’enfilais mes bottes. Malgré mon empressement, j’eus la politesse de faire mes adieux à ses parents.

Ma compagne marchait très vite, ce qui n’était pas pour me déplaire. Les maisons du village et ses aroviers aux fleurs sanglantes défilèrent sous mes yeux et furent remplacés par le vert profond des feuillages. Le soleil s’en était allé, caché à la fois par la crête d’une colline et de gros nuages sombres.

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