Prêtresses du sexe – 17

Chapitre VII


Je savais cependant qu’elle commençait seulement à se libérer de l’emprise de Welouma, qu’il lui faudrait se dépouiller de la déesse comme une chrysalide quittant son cocon et découvrant la liberté.

Mélanopos et Euryèlos arrivèrent dans la soirée. Kwilna leur offrit le baiser de bienvenue, mais sans guère éveiller leur flamme car ils s’attendaient à aborder un grave sujet de conversation. Nepisza se présenta à mes côtés, avec ses vêtements de gaze et ses bijoux. Elle aimait montrer son corps à tous les hommes qui entraient chez elle, ainsi qu’elle me l’avait avoué. Je ne vis pas d’inconvénient à ce qu’elle le fît devant mes compagnons de débauche. Sa mère portait le péplos des prêtresses, et moi-même, j’avais revêtu l’une de mes tuniques.

Les visiteurs s’assirent sur des chaises et burent de l’eau que la servante leur apporta. Ensuite, je rentrai sans plus attendre dans le vif du sujet, mais de manière tout à fait inattendue. En apprenant que j’avais décidé d’abandonner Ilouwa à son sort, Mélanopos resta sans voix.

« Ne nous as-tu pas dit qu’elle serait en danger si elle restait au temple ? fit Euryèlos en fronçant les sourcils.

— Oui, je l’ai dit. Je l’aime toujours et je crois qu’elle continue à m’aimer, mais comme me l’a expliqué Kwilna, elle appartient à Welouma. »

Je me tournai vers ma belle-mère pour quémander silencieusement son aide, dans cette délicate situation. Elle vit mon imploration sans y répondre.

« Et tu la laisserais mourir là-bas ? poursuivit Euryèlos sur un ton qui devenait menaçant.

— S’il le fallait, je n’hésiterais pas à affronter les Warittes, répondis-je. Mais affronter leurs dieux, c’est autre chose. Et puis, Ilouwa ne veut pas être sauvée.

— Je crois plutôt que tu fais une crise de jalousie, intervint Mélanopos, après avoir décoincé sa langue.

— Qu’est-ce que tu veux dire ? demanda Euryèlos en se tournant vers lui.

— Cléaridas a vu Ilouwa avec l’un de ses anciens amours, et ça l’a un peu fâché. Il a passé la nuit suivante avec Hasterza.

— Hasterza m’a conseillé de ne pas revenir au temple, me défendis-je. J’écoute également les conseils de Kwilna. »

Je réclamai une nouvelle fois le secours de ma belle-mère, mais je compris subitement pourquoi elle se tenait en retrait. Car si Kwilna et sa fille m’aidaient à sauver Ilouwa, elles feraient entrer une rivale dans leur vie.

Cette évidence dut sauter aux yeux de mes deux amis. Si Nepisza restait muette, son attitude était plus éloquente que tout discours. Elle se tenait collée contre moi, apparemment ravie de m’entendre prononcer la condamnation d’Ilouwa.

Avec beaucoup de finesse, Euryèlos aborda le problème sous un autre angle :

« Qu’allons-nous expliquer à Wanzata ? Nous avons formé un petit groupe de conjurés, et voilà maintenant que tu tournes les talons. »

L’argument était dix fois plus pertinent qu’il ne le pensait, puisque j’avais copieusement injecté mon sperme dans le ventre de Wanzata afin de sceller notre pacte. Si sa situation devenait délicate, elle pourrait quitter le temple sans grande difficulté. Les servantes n’étaient pas des esclaves. Elles avaient été sélectionnées parmi les nombreuses jeunes filles d’origine modeste désirant vivre dans cet antre des plaisirs. Mais qu’allais-je bien pouvoir dire à la pauvre Wanzata, elle qui était à la fois attachée à Ilouwa et à moi ? La question d’Euryèlos était extrêmement pertinente et terriblement gênante.

« Je prendrai un peu de temps pour y réfléchir, répondis-je.

— Il y a une décision que tu dois prendre rapidement, c’est celle de rentrer au temple. Si tu n’y remets pas les pieds demain matin, tu en seras exclu pour toujours. Est-ce exact ? »

Euryèlos se tourna vers Kwilna pour obtenir une confirmation, et celle-ci daigna enfin ouvrir la bouche :

« C’est exact.

— Et tu n’es pas gênée de séparer Cléaridas d’Ilouwa ?

— Elle est une prêtresse de Welouma, et moi aussi, j’en suis une. Nous appartenons toutes à la déesse. Et même, nous l’incarnons parfois.

— Pourtant, à la nouvelle lune, tu semblais prête à la trahir.

— Je m’inquiétais pour ma fille.

— Et tu as résolu le problème en retirant Cléaridas du temple.

— Pas du tout. La décision n’est venue que de lui. »

Le regard d’Euryèlos revint vers moi, alors j’avais baissé la tête.

Le silence qui s’installa devint de plus en plus pénible pour moi. Mon tour était venu de m’exprimer mais je n’y arrivais pas. Heureusement, Mélanopos vint à mon aide :

« Tu sais qu’Ilouwa m’a longuement parlé de toi ? Elle attend ton retour.

— Si elle m’aimait vraiment, elle accepterait de se confier à moi, répondis-je. Je n’attends que cela. Mais comme l’a dit Kwilna, elle sert avant tout Welouma. »

Il y eut un nouveau silence, qui fut beaucoup plus léger pour moi, puisque c’était maintenant à l’un de mes interlocuteurs de prendre la parole.

« Acceptes-tu que je parle à Ilouwa ? demanda Euryèlos.

— Si tu peux lui faire entendre raison, fais-le, répondis-je. Mais je ne retournerai pas au temple. »

La proposition d’Euryèlos parut faire revenir la lumière dans notre pièce. Kwilna retrouva aussitôt le sourire et s’écria :

« Si vous êtes tous d’accord, les problèmes sont réglés ! »

Euryèlos, Mélanopos et moi, nous échangeâmes des regards et nous vîmes que nos différends s’étaient aplanis, au moins pour le moment.

« Je parlerai donc à Ilouwa, déclara Euryèlos. Mais toi, de ton côté, ne l’oublie pas.

— Non, je ne l’oublierai pas. »

Je jetai un coup d’œil à Nepisza, pour constater qu’elle donnait un regard plutôt sombre à Euryèlos. Elle était toutefois la seule personne à faire grise mine.

« À présent, je vous propose d’aborder d’autres sujets de discussion, dit Kwilna. Les gens viennent chez moi pour se divertir, et non pour se quereller. »

La soirée se poursuivit de manière très agréable, notre hôtesse s’attachant à maintenir une bonne ambiance. Sa servante nous apporta un excellent dîner arrosé de vin, puis Kwilna fit un peu de musique avec une cithare. Comme je savais très bien en jouer, je m’y essayai, mais je rencontrai des difficultés parce que cet instrument n’était pas conçu comme chez moi. Mes compatriotes eurent les mêmes problèmes que moi.

Nous fîmes un jeu très en vogue dans notre pays, qui consistait à lancer des gouttes de vin sur une cible, à partir d’une coupe. Il était d’usage à cette occasion de faire des vœux pour l’avenir d’une relation sentimentale. Nepisza se trouvant tout contre moi, je ne pouvais faire autrement que de prier pour la solidité de nos liens, et personne ne fit de remarque.

Nous avions alors tous quitté nos vêtements, sauf Nepisza. Elle avait conservé sa jupe vaporeuse. La lumière de trois lampes éclairait nos peaux fatiguées d’avoir affronté la chaleur du jour, et qui se reposaient dans la tiédeur de ce début de nuit. Comme nous ne pouvions tenir à cinq sur le lit de Kwilna, une petite couche avait été déposée près du bassin pour Nepisza et moi, et la moelleuse croupe de ma compagne se frottait contre mon pénis tendu. La fin de notre jeu marqua le début de nos réjouissances charnelles.

Mélanopos, Euryèlos et leur amante commune étaient allongés sur le côté. Le premier sodomisait Kwilna et le second explorait son vagin avec ses doigts.

« Tu sens ma bite ? demanda Mélanopos.

— Oui, je la sens bouger, répondit Euryèlos. Mais juste un peu.

— Enfonce tes doigts plus profondément. Moi, je vais jusqu’aux couilles. Elle a le trou du cul incroyablement grand, cette pute. »

Prise entre deux hommes, Kwilna se dissolvait dans sa jouissance.

Nous paraissions voguer vers les immensités d’une orgie sans bornes, mais il y avait des barrières invisibles. Ainsi, personne ne pouvait proposer à Nepisza de sucer la verge d’Euryèlos. Elle restait donc avec moi sur notre petit lit, et après avoir éjaculé une première fois dans le vagin de mon amante, je décidai de me retirer avec elle dans sa chambre. Kwilna ne fit guère attention à nous, occupée comme elle l’était.

Nous effectuâmes notre toilette tous en même temps, avant le lever du soleil. Aucune allusion à la discussion de la veille ne fut faite, et Nepisza se montra même souriante avec mes deux compatriotes.

Kwilna nous offrit notre petit-déjeuner. Euryèlos et Mélanopos s’habillèrent seulement après avoir avalé leurs frugales parts, puis ils s’apprêtèrent à prendre congé. Ce fut alors que leurs regards se fixèrent sur moi et que le premier déclara :

« Tu as jusqu’à midi pour changer d’avis.

— Ce n’est pas à moi de venir à Ilouwa, mais à elle de venir à moi, répondis-je.

— Alors je te souhaite de rester aussi ferme dans ta nouvelle résolution que tu l’as été dans l’ancienne. »

Le ton d’Euryèlos avait été à la fois celui de la plaisanterie et du reproche. Il me gratifia d’un sourire et quitta la maison. Mélanopos partit après une dernière caresse à Kwilna.

Et moi, j’entrai dans ma nouvelle vie.

Ma concubine et sa mère étaient en mesure de me divertir de manière fort plaisante, mais quand je me retrouvai seul avec elles, je sentis une impression de vide. J’avais noué des liens avec les habitants du temple et je m’étais habitué à leur univers, si bien que d’inévitables regrets m’assaillirent. Le voyant immédiatement, Kwilna me proposa de faire une promenade dans les rues de Nessana.

« Le soleil est encore très bas et la fraîcheur de la nuit ne s’est pas encore dissipée, dit-elle. C’est le bon moment pour sortir. »

Elle espérait que l’animation des rues me ferait oublier celle du temple de Welouma. Je m’étais déjà promené dans la ville avec Mélanopos et Euryèlos, mais eux-mêmes ne la connaissaient pas aussi bien que Kwilna. Celle-ci me montra quelques merveilles architecturales, dont le palais royal. Je visitai deux temples, dont l’un était de petite taille mais disposait d’une belle et riche décoration. Dans « ce pays au mille dieux », il ne manquait pas d’édifices de ce genre.

Kwilna évita de me faire passer à proximité de la demeure de Welouma, mais elle me conduisit dans la maison d’une prêtresse qui s’appelait Anitti. Elle m’impressionna beaucoup, car elle était une femme presque aussi grande que moi, et fort bien bâtie, à la magnifique chevelure brune. Elle me donna le baiser de bienvenue et s’assit sur son lit, dans une pièce de réception qui ressemblait beaucoup à celle de Kwilna.

« Anitti a trente-cinq ans, m’apprit cette dernière. Elle est au crépuscule de son office de prêtresse, puisque les hommes n’ont de goût que pour les très jeunes femmes. S’ils le pouvaient, ils se précipiteraient tous au temple et se disputeraient les vierges nouvellement arrivées, mais n’y entre pas qui veut. Anitti vit donc surtout grâce aux cérémonies qu’elle organise.

— Pourtant, je trouve qu’elle est splendide, protestai-je. Dans mon pays, on apprécie les grandes femmes. Celles qui s’estiment trop petites mettent du liège dans leurs chaussures, sous le talon. »

Anitti me remercia du compliment par un grand sourire. Elle portait le péplos des prêtresses mais elle repliait le genou gauche sous le menton, de manière à découvrir entièrement une jambe à la peau d’albâtre. J’avais aussi une vue sur son entrecuisse. Ses nymphes étaient totalement enfouies sous de pulpeuses grandes lèvres, de sorte que sa vulve m’évoquait une mini-paire de fesses.

« Je te présente quelques prêtresses avec lesquelles tu pourras faire l’amour quand tu le voudras, me dit Kwilna. Ce sera comme au temple, sauf que tu devras marcher un peu plus pour te rendre chez elles.

— Tu te donneras gratuitement à moi ? demandai-je à Anitti.

— Oui, répondit-elle avec un gracieux sourire.

— Je ne peux pas croire que des femmes aussi belles soient délaissées par les hommes !

— Leur problème est qu’elles ont de la concurrence. Je peux toujours attirer les hommes, mais en leur demandant moins d’argent. Quant à ceux qui ont séjourné au temple, je ne les vois plus. »

Nous nous regardâmes un moment. Je n’avais pas besoin d’interroger Anitti pour savoir ce qu’elle attendait de moi, et je ressentais une réelle commisération pour elle.

« Alors il serait temps de trouver un mari, proposai-je.

— Dans notre société, les épouses sont censées être fidèles, répondit Anitti, or nous autres, les prêtresses, nous n’avons pas habituées à nous contenter d’un seul homme.

— Surtout s’il ne sait pas se servir de sa queue, ajouta Kwilna.

— Combien d’enfants as-tu ? m’enquis-je.

— Six. J’ai mis au monde neuf enfants, mais trois d’entre eux sont morts.

— As-tu une fille au temple de Welouma ?

— Oui. »

Anitti me donna son nom mais je ne la connaissais pas. J’étais loin d’avoir rencontré toutes les prêtresses du temple.

Le crépuscule d’Anitti était celui de toutes les femmes vivant de leurs charmes. Tant qu’elles se trouvaient au sommet de leur éclat, elles étaient recherchées et enviées, mais ensuite, il leur fallait traverser seules les tristes confins de leurs vies. De plus, Anitti avait perdu quatre enfants, puisqu’elle ne reverrait plus sa fille entrée au temple, et ses autres enfants n’entretenaient que des rapports distants avec elle. Les prêtresses n’engendraient pas pour elles-mêmes, mais pour leur pays.

« Bien, maintenant que vous avez fait connaissance, que décidez-vous ? s’écria Kwilna. Discuter jusqu’à ce soir ou vous amuser un peu ?

— Je ne veux pas te retenir trop longtemps hors de chez toi, répondis-je. Il y a peut-être des gens qui attendent tes services.

— Alors si tu as envie d’enfiler Anitti, ce que semble indiquer la taille de ta pine, fais-le tout de suite. Après, nous rentrerons chez moi. »

Je me levai donc et retirai ma tunique pour offrir mon phallus à notre hôtesse, qui s’en montra fort réjouie.

Je n’avais encore jamais fait l’amour avec une femme de son âge, et surtout qui avait connu tant d’accouchements. Ce fut une expérience très intéressante et nullement décevante, l’âge ne pouvant qu’accroître le savoir et l’habileté. Et puis comme je l’avais déclaré, Anitti incarnait dans mon pays l’idéal de la beauté féminine. Si elle rentrait dans ma cité aux commandes d’un char, les gens la prendraient sûrement pour une déesse descendue sur terre.

Nous enchaînâmes plusieurs positions, puis elle m’offrit une fellation et je propulsai ma liqueur chaude dans sa bouche. Après une pause, je revins dans son vagin et y lâchai un deuxième jet. Elle était alors allongée sur son dos, et quand elle se releva, elle me remercia pour le plaisir que je lui avais donné.

Kwilna nous avait regardé en se masturbant. Elle avait tant mouillé qu’elle dut s’essuyer les cuisses, mais quand je me tournai vers elle, elle me déclara qu’elle n’avait pas besoin de mes services.

« Si tu le veux, tu me baiseras chez moi, dit-elle. Ici, tu es venu pour Anitti. As-tu l’intention de revenir ?

— Sans doute. Tes amies et consœurs valent la peine d’être fréquentées. »

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