Prêtresses du sexe – 7

Nous arrivâmes dans une longue galerie interrompue par quelques murs percés de portes, qui courait sur tout l’arrière du temple et dont le plafond était soutenu par une colonnade. De petits bassins y avaient été construits, où l’on pouvait se laver avec l’aide des servantes ou simplement se délasser. Je retirai et laissai ma tunique sur un banc de pierre au moment où Mélanopos arriva, en compagnie d’un homme que sa coiffure désignait comme un compatriote. Je ne disposais d’aucun autre moyen d’identification, puisqu’il était complètement nu.

« Je te présente Euryèlos, me dit gaiement Mélanopos, en lui donnant une tape sur l’épaule. Nous allons nous entraîner ensemble.

— Nous ne sommes que trois ?

— Oui, mais c’est déjà pas mal, hein ? De temps en temps, il y a des Warittes qui se joignent à nous. Ils sont intéressés par nos coutumes. »

Euryèlos et moi, nous nous saluâmes. Il me sembla immédiatement être un personnage taciturne, ce qui faisait un contraste complet et amusant avec Mélanopos. Il avait néanmoins un air avenant et il était aussi bien bâti que nous, quoique de silhouette légèrement plus fine. Dans sa jeunesse, il avait dû être un très bel éphèbe, mais il avait dépassé la trentaine. Sa verge était de longueur raisonnable quand elle était au repos, de même que la mienne. Pour faire de l’athlétisme, c’était un avantage. La trompe d’éléphant qui pendait entre les cuisses de Mélanopos devait le gêner quand il s’agitait.

Après m’avoir quitté un court instant, Wanzata revint avec un flacon d’huile d’olive pour m’oindre le corps. Elle effectua sa tâche avec un soin amoureux pour mes muscles. Elle aurait volontiers déposé un peu d’huile sur le plus saillant de tous mes organes, juste pour lui redonner sa superbe, car pendant son absence, il s’était rétracté.

Après cela, elle me frotta le corps de sable fin, ainsi que cela se faisait chez moi. Mais dans mon pays, les athlètes n’avaient pas de femmes pour prendre soin d’eux ! Ils devaient se débrouiller entre eux.

« Nous nous retrouverons après et nous prendrons du plaisir ensemble, dit-elle.

— Tu seras libre ?

— Pendant la journée, les hommes quittent leurs chambres en abandonnant leurs servantes. Alors oui, je serai à toi. Va faire tes exercices. »

Mélanopos me conduisit dans un magasin où des disques, des javelots dépourvus de pointe et des altères étaient entreposés. Il y avait aussi des pioches pour ameublir la terre, ce qui était nécessaire pour le saut en longueur. À ma grande surprise, je trouvai des glaives et des boucliers en bois.

« Je croyais que les armes étaient interdites, plaisantai-je.

— Un glaive en bois ? fit Mélanopos. Tu ne tueras pas grand monde avec cela.

— Et puis les armes n’ont pas leur place dans un gymnase.

— Eh oui ! Mais ici, nous sommes chez les Warittes. Ils ne connaissent pas bien nos usages et ne comprennent pas pourquoi nous utilisons des javelots mais pas des glaives. Ils prennent tout ce que nous faisons pour un entraînement militaire.

— Nous leur donnons raison en faisant du pancrace », intervint Euryèlos.

Je m’étonnai que la pratique de cette forme de combat particulièrement violente fût autorisée dans l’enceinte du temple.

« Nous avons le droit de revenir auprès de nos handaï en crachant nos dents ? demandai-je.

— Non, pas jusque-là, répondit Mélanopos, mais nous pouvons échanger quelques coups. Ces dames aiment voir de beaux et puissants mâles s’affronter nus dans la boue. Elles trouvent le spectacle assez érotique. Mais nous ne nous battons pas souvent. »

Chez moi, les entraînements se faisaient à l’abri des regards féminins. Mais ici, c’étaient les prêtresses qui faisaient la loi et nous devions leur être reconnaissants d’avoir aménagé ce gymnase pour nous, même si elles avaient agi d’abord dans leur propre intérêt, ainsi que Mélanopos venait de me l’avouer.

Le terrain n’était initialement pas destiné à l’athlétisme. Il s’agissait en fait d’un parc ombragé par d’antiques cyprès, où les prêtresses se rendaient de temps en temps pour échapper à l’atmosphère un peu étouffante de leurs chambres. Elles pouvaient s’y livrer à d’agréables discussions ou copulations. Je n’avais pas encore essayé de prendre l’une d’elles sous un arbre, mais je me promis d’en faire bientôt l’expérience.

Toutefois, les arbres étaient suffisamment espacés pour que l’on pût effectuer des courses sans risquer de s’écraser sur un tronc. De larges allées pouvaient être utilisées pour le lancer du disque ou du javelot. Il fallait faire attention à ne pas les envoyer par-dessus le mur d’enceinte du temple, qui était haut de dix pieds.

Nous nous rendîmes donc dans le parc et nous commençâmes par des assouplissements. Je regrettai qu’il n’y eût pas un joueur de hautbois pour nous donner le rythme. Nous dûmes le faire nous-mêmes, en chantant. Ensuite, nous fîmes un peu de course. Quand nous nous arrêtâmes pour souffler, deux prêtresses étaient apparues sur un banc, non loin de nous, et elles nous regardaient avec envie.

« Regardez-les ! Quelle impudeur ! s’exclama Mélanopos avec de grands gestes. Cela ne se fait pas de reluquer les hommes au gymnase ! »

Ses paroles durent parvenir aux oreilles des jeunes femmes mais elles n’y comprirent rien car elles n’avaient pas été prononcées en waritte.

Je profitai de cette pause pour aborder avec mes deux compatriotes le problème qui me tenait à cœur : ce que devenaient les prêtresses stériles.

Je posai la question à brûle-pourpoint :

« Est-ce que vous savez ce qui se passe si une prêtresse n’a pas d’enfant ?

— Hein ? fit Mélanopos.

— Elles sont là pour faire l’amour avec nous, mais aussi pour faire des enfants. Alors qu’est-ce qui se passe si elles n’arrivent pas à en avoir ?

— Je n’en sais rien.

— Toi, Euryèlos, tu le sais ?

— Non.

— Personne ne veut en parler. Ilouwa m’a interdit d’aborder ce sujet, mais je sais qu’elle en est très préoccupée. »

Mélanopos commença enfin à réfléchir à ma question et me répondit avec un grand sérieux :

« J’ai l’impression que c’est secret.

— Moi aussi, marmottai-je.

— Si Ilouwa refuse de te répondre, c’est qu’aucune prêtresse ne le fera, mais en ville, j’ai une amie qui te dira peut-être ce que tu veux entendre.

— Qui ça ?

— Elle s’appelle Kwilna. Elle a quitté le temple il y a quatorze ans, après avoir donné naissance à une fille, et maintenant, c’est une authentique putain. Mais nous sommes très copains. Je vais la voir toutes les deux semaines et elle se donne gratuitement à moi. Elle ne refusera peut-être pas de me répondre.

— Je pourrai t’accompagner ?

— Évidemment ! Nous allons faire la fête ensemble. Ce sera splendide ! »

Toumantiya m’avait informé que les hommes pouvaient sortir un jour et une nuit, durant les nouvelles et pleines lunes. La prochaine occasion se présenterait dans six jours.

Je me tournai vers Euryèlos pour lui demander s’il se joindrait à nous.

« Non, mais si tu le veux, j’interrogerai ma handaï, répondit-il.

— Tu peux toujours essayer, dis-je. Je t’en serai reconnaissant. »

La discussion s’arrêta là et nous reprîmes nos exercices. Je fis un peu de lutte avec mes deux compatriotes. Euryèlos fut un meilleur adversaire que Mélanopos. Il était comme un lion passant ses journées à bayer au soleil et à chasser les mouches avec sa queue, mais qui s’avérait être un terrible prédateur quand il sortait de sa léthargie. J’appréciais les hommes de son espèce, bien que ne pusse être insensible au caractère jovial et extraverti de Mélanopos. Il me sembla que dans un combat, Euryèlos serait un allié très utile, et j’eus envie de le tester.

Nous cherchâmes les armes et nous nous affrontâmes près de la galerie, sous les regards de Wanzata et des deux prêtresses. Très vite, nos boucliers sonnèrent sous les coups des glaives. Emporté par son ardeur guerrière, Euryèlos se montra capable de me briser les os avec son arme dépourvue de tranchant. Pour protéger mon avant-bras gauche emprisonné sous les lanières de cuir du bouclier, j’étais contraint de crisper sans arrêt mes muscles. La furie d’Euryèlos déferlait sur moi en menaçant de me faire plier, et sa défense était comme une muraille dépourvue de la moindre fissure, mais la mienne ne lui était nullement inférieure. Nous étions des combattants d’égale force et notre affrontement aurait pu se prolonger jusqu’à épuisement.

Quand nous nous arrêtâmes, le nombre de femmes présentes sous la galerie avait triplé. Elles dévoraient des yeux nos corps luisants d’huile et de sueur au soleil, mais nous quittâmes modestement le terrain et nous dirigeant vers le magasin. Pour une fois, Mélanopos faisait profil bas, reconnaissant que malgré sa forte carrure, il ne nous aurait pas égalés.

Nous ressortîmes du magasin pour aller directement dans les bassins. Des servantes nous aidèrent à nous laver, puis nous nous étendîmes sur des lits de marbre, dans la galerie, afin de nous faire masser. C’était Wanzata qui s’occupait de moi.

« Tu es impressionnant, me dit-elle. Avec un glaive en bois, tu pourrais mettre en déroute tous les soldats du temple.

— Je ne le crois pas.

— Ou même sans aucune arme. »

Allongé sur le dos, je fermai les yeux pour sentir ses mains glisser sur mes muscles.

« Tu t’y prends extrêmement bien, remarquai-je.

— Non, je n’ai rien d’une masseuse professionnelle. Je sais seulement soigner un homme qui sort du gymnase.

— C’est déjà beaucoup. »

Ces massages se terminaient systématiquement en orgies. C’était la raison pour laquelle Wanzata avait fixé notre rendez-vous à la fin de mon entraînement. Mais elle avait fort à faire pour me redonner mon appétit sexuel. Il lui fallait d’abord dissiper la fureur guerrière qui m’avait possédé durant le combat et me détendre complètement.

Elle y parvint grâce à sa patience et son habileté. Elle se mit à me chevaucher et retroussant son péplos jusqu’aux hanches, si bien qu’en me tordant le cou, j’arrivais à voir ses cuisses se rejoindre sur les replis de ses petites lèvres, deux belles langues de peau de couleur rose ouvertes comme des pétales. Régulièrement, elle appuyait son entrejambe sur mes fesses, et tandis qu’elle les massait, ses doigts s’égaraient sur mon anus, mon périnée et mes testicules.

Lorsqu’elle dégrafa son vêtement, le tissu glissa pour libérer une paire de seins aux mamelons durcis. Elle les fit rouler entre ses doigts tandis qu’elle continuait à frotter son entrecuisse sur mes fesses, en y répandant des traînées de cyprine.

Quand je me retournai, mon pénis s’était mis en position de combat. Wanzata le décalotta avec avidité et fit coulisser sa main droite dessus, tandis qu’elle se caressait la vulve de la main gauche en poussant de petits gémissements. Sa langue humide jouait sur ses lèvres.

« Qu’est-ce que j’aimerais en faire jaillir une colonne de foutre ! » geignit-elle en serrant plus fortement mon phallus.

Son ardeur me surprenait. Elle haletait comme si un incendie s’était déclaré en elle, alors que je n’avais même pas commencé à la toucher. Sans doute était-ce l’effet du spectacle que je lui avais offert. J’avais dû la faire mouiller comme une danseuse nue faisait bander un homme.

Je me redressai et dénouai sa ceinture. Je n’avais pas l’intention de brusquer Wanzata, mais elle se mit à glapir :

« Dépêche-toi ! Je veux que tu me rentres dedans comme si tu avais un glaive entre les jambes, avec toute la violence dont tu es capable ! Je veux hurler sous tes coups ! »

Je jetai le péplos par terre et Wanzata tendit son corps dénudé vers moi. Je m’emparai d’elle et la renversai sur le dos, puis j’enfonçai ma langue dans sa chatte.

Des cris résonnaient mais ils ne provenaient pas d’elle : Mélanopos avait planté son pieu dans le sexe de sa masseuse et la secouait comme un fétu. Quant à Euryèlos, fidèle à son tempérament, il laissait l’initiative à sa servante. Il s’était allongé sur le dos et elle lui suçait goulûment son monumental phallus.

« Non, pas comme ça ! se plaignit Wanzata. Empale-moi avec ta lance ! »

Contraint lui obéir, je mis ses jambes sur mes épaules et rentrai dans son vagin sans plus de cérémonies. Ses spasmes et ses cris témoignèrent de sa satisfaction.

Mais je m’arrêtai quand je sentis une présence à mes côtés. Je me tournai et vis Ilouwa, éblouissante et presque irréelle comme une déesse dans son habit de prêtresse.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? demandai-je avec un tressaillement.

— On m’a dit que tu étais en train de te battre, répondit-elle. J’ai voulu te voir mais j’étais occupée.

— Avec un autre homme ?

— Oui. Apparemment, j’arrive trop tard, mais ce n’est pas grave. Quand tu te sentiras prêt, tu te videras en moi. »

Elle s’assit sur notre bloc de marbre en écartant le bas de son péplos. Ses adorables jambes totalement découvertes, elle se doigta le sexe.

« Vous deux, venez également me remplir le con ! cria-t-elle à Euryèlos et Mélanopos.

— Tout de suite, ma pute ! répondit aussitôt ce dernier. Je n’ai pas encore fini avec cette catin. »

Sa masseuse était en train de se désarticuler sous ses coups de reins. Elle se tenait à peu près dans la même position que Wanzata. Comme Ilouwa était l’unique prêtresse présente dans la galerie, elle était bel et bien la seule personne autorisée à recevoir nos semences.

Après avoir grimpé au ciel, Wanzata était brutalement retombée sur terre, avec mon phallus immobile en elle, mais face à Ilouwa, elle n’osait pas se plaindre. Pour conserver son excitation, elle masturbait ses seins et son clitoris. La prenant en pitié, je me remis à lui raboter le vagin. Elle exprima sa reconnaissance en griffant mes épaules, ce qui m’excitait encore plus. Je sentis ma propre jouissance approcher.

J’avais déjà été entourée par deux femmes mais je n’avais jamais encore nagé dans un tel bonheur. Afin de le prolonger, je ralentis mon rythme, m’efforçant de bien goûter à la pression du vagin de Wanzata sur mon membre. Plusieurs fois, je me retirai pour le découvrir complètement trempé et l’enfoncer de nouveau.

Des caresses sur mon dos s’ajoutèrent à celles de ma masseuse. Ilouwa s’était déshabillée, et debout à côté de moi, elle passait ses bras autour de mon cou. Mais tout de suite, du coin de l’œil, je vis Mélanopos s’approcher d’elle et refermer les mains sur ses fesses, son sexe dressé luisant de liqueur, prêt à s’introduire entre elles. En gardant ses bras autour de moi, elle se cambra pour lui tendre son derrière, et il lui répondit en l’empalant.

Il n’y avait pas la moindre délicatesse dans nos comportements. Nous étions tous en train de copuler comme des bêtes sauvages.

« Ah ! ma pétasse préférée, glapissait Mélanopos. Tu ne peux pas savoir combien j’ai envie de dévorer ton joli cul ! »

Il poussa un rugissement et s’immobilisa, ses muscles contractés et son visage enflammé par sa jouissance. Il resta un moment ainsi, haletant, puis il se retira et s’éloigna d’Ilouwa en marchant à reculons.

« À ton tour », me dit-il.

Je ne pouvais pas refuser une telle politesse, d’autant plus que j’avais du mal à retenir ma semence. Wanzata avait suffisamment profité de moi. Elle ne protesta pas quand je la quittai pour descendre du lit. Ilouwa s’y était assise, les jambes écartées. Je me plaçai debout devant elle, sans vraiment la reconnaître. Ce n’était plus ma bien-aimée que j’avais sous mes yeux, mais une vulve attendant d’avaler mon sexe.

J’empalai Ilouwa, et en peu de temps, rien n’exista plus que mon phallus dégorgeant son sperme dans le ventre de ma partenaire. Les yeux fermés, l’esprit noyé sous le raz-de-marée de mon orgasme, je n’avais qu’une vague conscience de l’étreinte de mon amante, et de ses seins écrasés contre ma poitrine.

Quand je reculai, ce fut pour être immédiatement remplacé par Euryèlos. Il monta sur le lit afin de prendre Ilouwa en levrette. Contrairement à Mélanopos et moi, il œuvra lentement, en essayant de donner du plaisir à sa partenaire. Il lui caressait les cuisses et allongeait les bras pour atteindre ses seins. Je regardais avec fascination le phallus d’Euryèlos aller et venir entre les nymphes d’Ilouwa.

Je crois bien qu’il fit jouir ma handaï, alors que je ne l’avais moi-même pas fait. Lors de son éjaculation, son sexe ne fut qu’à moitié enfoncé dans celui d’Ilouwa. Celle-ci resta un moment sur place après le retrait de son dernier amant, la paume de sa main droite appuyée sur son sexe.

Ayant entièrement récupéré ses esprits, elle se mit debout, les fesses posées sur le rebord du lit et les yeux baissés sur son entrecuisse, comme dans l’attente d’un évènement à venir, mais comme rien ne se produisit, Mélanopos, Euryèlos et leurs masseuses retournèrent au bain. Wanzata et moi, nous restâmes à coté d’Ilouwa. Par sa bouche d’en-bas, cette dernière venait de boire les spermes de quatre hommes, car elle s’était fait inséminer juste avant de venir dans la galerie. Comme elle ne pouvait retenir toute cette sauce, une longue traînée blanche finit par s’échapper de son sexe et rampa lentement le long de sa cuisse gauche.

Immédiatement, Wanzata s’accroupit entre ses jambes et nettoya ce mélange de spermes et de secrétions féminines avec sa langue. Remontant peu à peu, avec minutie, elle alla jusqu’à la vulve et l’embrassa à pleine bouche. Je devinai qu’elle enfonçait profondément sa langue dans le vagin d’Ilouwa. La respiration de celle-ci s’accéléra, soulevant rythmiquement sa poitrine, et des signes de délectation éclairèrent son visage.

Néanmoins, elle se tourna vers moi pour me dire :

« Wanzata aime les hommes…

— Oui, je l’ai remarqué, l’interrompis-je

— … mais aussi les femmes.

— Ah ?

— Et elle est amoureuse de moi. »

C’était une surprise, mais elle était plutôt agréable. Je ne risquais pas d’être jaloux de Wanzata, et en mon for intérieur, je la félicitais même d’avoir de si bons goûts.

« Elle vient me voir tous les jours, poursuivit Ilouwa.

— Alors pourquoi ne la prends-tu pas comme servante ?

— Parce que dans le temple de Welouma, les amours… Aaah !… Oh !… Les amours lesbiennes n’ont pas leur place, mais je… Ooooh !… »

Des ondes de jouissance jaillissaient à travers son corps et la firent crisper ses mains sur les cheveux de Wanzata. Celle-ci œuvrait avec sa bouche et ses doigts, et puisqu’elle était une femme, elle avait une connaissance innée du corps féminin. Elle offrait à Ilouwa un plaisir que je ne pouvais guère imaginer et devait être elle-même aux anges. Comme elle aimait à la fois les hommes et les femmes, quel plus grand plaisir pouvait-elle s’offrir que de laper du sperme dans un vagin ? La rosée qui tombait de son sexe révélait son excitation. Elle mouillait autant qu’Ilouwa.

Mélanopos était ressorti précipitamment du bain et se pourléchait les babines de cette scène.

« Elles se voient tous les jours », m’apprit-il.

La veille, je n’avais pas rencontré Wanzata, mais il est vrai que je m’étais absenté toute la journée. Je compris que lorsque je l’avais croisée, elle se rendait chez Ilouwa.

Quand elle fut repue, elle commença à se redresser. Sa langue glissa sur le ventre d’Ilouwa, puis sur ses seins, et elle embrassa son amante. Ce ne fut nullement un demi-baiser, mais un baiser fougueux, passionné, embrasé par l’amour de Wanzata. Les deux femmes entremêlaient leurs cuisses et se caressaient sur tout le corps avec avidité. Leurs poitrines se frottaient l’une contre l’autre en se déformant comme deux paires d’éponges.

Ce fut très long. Je vis les sentiments de Wanzata brasiller dans ses yeux quand elle se sépara d’Ilouwa. Elle parvint cependant à se dominer. Les prêtresses ne venaient pas ici pour s’unir à des femmes, mais pour se faire féconder par des hommes.

Notre orgie était terminée. Je pris un bain avec mes deux compagnes et nous nous séchâmes au grand air en nous rendant dans le parc. Mélanopos, Euryèlos et leurs amantes étaient partis. Midi approchait et nous étions seuls dans notre îlot de verdure et de soleil, sans aucun vêtement. Ilouwa ne portait que des bagues et des bracelets.

Je regardai les deux femmes marcher devant moi, en se tenant par la main, deux beautés réunies sous mes yeux et que l’amour liait. À cause des sentiments que Wanzata ressentait pour Ilouwa, celle-ci rechignait à la faire entrer à son service, mais cela ne les gênait nullement, puisqu’elles pouvaient se rencontrer ainsi chaque jour.

Elles s’assirent sur un banc à l’ombre d’un cyprès, une main de Wanzata posée sur une cuisse d’Ilouwa. Je me tins à l’écart, sur une extrémité du banc, pour admirer le tableau que composaient ces deux jeunes femmes. Les branches de l’arbre laissaient passer une ondée de points lumineux qui oscillaient sur leurs peaux comme des reflets d’or, et des oiseaux y chantaient.

Les sentiments d’Ilouwa se portaient seulement sur les hommes, mais parce qu’elle avait du cœur, elle ne pouvait être insensible à l’amour de Wanzata. De plus, les femmes savaient très bien apprécier la beauté féminine – quand elles n’avaient pas affaire à des rivales.

Je les laissai bavarder entre elles des affaires du temple, puis Ilouwa et moi, nous rentrâmes dans notre chambre. Wanzata s’en alla de son côté, non sans un dernier baiser à la femme de ses rêves. Notre déjeuner nous attendait. Ma bien-aimée m’invita fort obligeamment à le partager avec elle, puis à faire la sieste sur son lit, ce que j’acceptai sans me faire prier.

Allongé sur le côté pour la prendre dans mes bras, je discutai avec elle en attendant que le sommeil tendît son obscurité sur nous.

« Si Wanzata promet de se tenir tranquille, accepteras-tu de la mettre à notre service ? demandai-je.

— Pourquoi cette question ?

— Eh bien…

— Parce que tu as un faible pour elle ?

— Ce n’est pas tout à fait cela, mais… oui, un peu. En tout cas, elle serait très contente de venir ici, auprès de toi. »

Ma dérisoire hypocrisie arracha à Ilouwa un rire cristallin. Sa poitrine tressauta sous ma main.

« Te rends-tu compte que tu risques de faire des jalouses si elle vient auprès de toi ? répondit-elle.

— Je vois ce que tu veux dire. Je te promets de ne plus jamais être jaloux jusqu’à la fin de mon séjour. D’ailleurs, quand tu t’es offerte à Mélanopos et Euryèlos, je n’ai rien dit. Je n’ai même rien ressenti.

— Avec ta bite enfouie dans le con de Wanzata, ç’aurait été paradoxal. Est-ce que tu m’aimes encore ? »

Je serrai Ilouwa plus étroitement et lui embrassai une joue.

« Par Welouma, je le jure ! répondis-je avec toute mon ardeur. Enfin, s’il est possible de jurer par cette déesse.

— Ce n’est pas la coutume, mais Welouma te le permettra.

— Je ne doute pas qu’elle soit capable de lire dans les cœurs et de voir l’amour que je ressens pour toi. Jamais je n’aimerai une femme comme je t’aime. Et si j’ai une attirance pour Wanzata, c’est parce que je retrouve un peu de toi en elle. Je te jure que c’est la vérité.

— Arrête de jurer. C’est inutile. En amour, ce sont les actes qui comptent, et non les paroles ou les serments.

— Alors, ne vois-tu pas que je suis étendu à tes côtés, au lieu de serrer une autre femme dans mes bras ?

— Si.

— Dans peu de temps, c’est toi-même qui va me pousser hors de ta chambre en me reprochant de trop m’attacher à toi. »

Ilouwa se redressa sur un coude pour déverser son regard de braise sur moi. Elle enfouit une main dans mes cheveux puis elle se pencha pour m’embrasser.

Étendues sur leurs lits, Hantiwa et Ahhina écoutaient notre conversation sans donner l’impression qu’elles le faisaient. Si Wanzata venait ici, l’une d’elles devrait partir, mais elles n’y pouvaient rien puisque nous étions les maîtres.

« À qui appartient Wanzata ? m’enquis-je après notre fougueux baiser.

— À un Waritte qui s’appelle Hapous. Je discuterai de ta demande avec lui et sa handaï. »

Ilouwa se recoucha sur le dos et ce fut moi qui me redressai. Je caressai ses bras, son épaule droite puis sa poitrine.

« Je te remercie, déclarai-je de ma voix la plus tendre.

— Merci de quoi ?

— De m’offrir cette petite friandise.

— Je n’ai fait que mon devoir », fit Ilouwa en riant.

Mon béguin pour Wanzata avait le mérite de lui redonner de la gaieté et de démultiplier l’éclat de sa beauté. Je restai sur le côté pour la contempler.

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